La nostalgie qui fait du bien

Par Caroline Murray

NOSTALGIE nom féminin

(latin scientifique nostalgia, du grec nostos, retour, et algos, douleur)

  • Regret attendri ou désir vague accompagné de mélancolie1

Ce regret attendri, je le connais. Je le vis intérieurement presque tous les jours de ma vie. Algos. La douleur de réaliser que les événements heureux, les moments magiques de l’enfance, la musique qui a bercé mon secondaire, les voyages qui ont chamboulé ma façon de penser et d’être, tout ça s’est volatilisé en images et il n’en reste plus que des souvenirs un peu brumeux… Étant de nature anxieuse, je me suis longtemps raccrochée aux vieilles histoires, aux amitiés de toujours, aux objets familiers qui m’ont toujours suivie, d’un grand ménage du printemps à l’autre, déménagement après déménagement. Chaque fois que je retombe sur une lettre écrite à la main par une amie lointaine (ou d’une autre époque), je fige. Je dois prendre un pas de recul pour accepter que le passé ne m’appartient plus et qu’il n’est pas garant de mon avenir. Si j’avais la capacité de remonter le temps, je n’hésiterais pas 2 minutes.

J’ai changé, je me suis transformée en adulte, mais je garde toujours cette parcelle d’une ancienne moi qui voudrait que tout redevienne comme avant. C’est paniquant parfois de vieillir. Ça apporte du beau, certes, mais ça laisse des traces. Pas tant physiques que mentales. On ne peut rien recréer de notre histoire, mais on peut la faire dévier de sa trajectoire constamment pour qu’elle continue de nous ressembler au fur et à mesure que notre évolution se concrétise.

Mon année de prédilection

1996. Si j’avais à retourner en arrière, c’est cette année-là que je choisirais car c’est celle qui me ressemble le plus : la naïveté, les rêves, les relations amicales, la liberté. Surtout la liberté. J’avais 15 ans, le monde à découvrir, seulement ma petite personne à faire avancer. J’écoutais de la musique qui me rentrait dans la peau, j’allais dans le bois faire des feux, je marchais pendant des heures et des heures en riant aux larmes avec ma meilleure amie. J’éprouvais la plus grande satisfaction d’adolescence réussie : des parents à l’écoute (mais pas trop), des bonnes notes à l’école, une vie sociale bien remplie. Je ne me posais jamais de question sur mes intentions, je n’analysais pas les gestes des autres, je vivais, point.

Devenir une adulte accomplie

Je suis heureuse dans ma vie d’aujourd’hui, mais je me rends compte que mon bonheur tient énormément sur un fond de nostalgie : j’écoute encore la même musique qu’il y a 20-25 ans, j’ai toujours les mêmes amis, à quelques exceptions près, je radote mes souvenirs de jeunesse chaque fois que j’en ai l’occasion. Et après coup, j’en viens à la conclusion que ça me fait du bien d’être dans mes vieilles pantoufles, et que ça ne dérange personne. Mon chemin est tracé vers l’avenir, mais j’aime revenir sur mes pas de temps en temps. Ça me rappelle d’où je viens et ça calme mes angoisses de femme qui ne sait pas toujours quelle voie est la plus appropriée pour continuer d’entretenir sa petite flamme d’ado qui voulait absolument devenir quelqu’un.

1. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/nostalgie/55033

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