Mon passeport vers la liberté!

Par Karine Desrochers

Ma mère avait un rêve, celui de voir ses enfants obtenir un diplôme! Venant d’une famille très nombreuse (17 enfants!) dans un milieu rural, la scolarité était loin dans les priorités de mes grand-parents. C’est avec amertume qu’elle raconte ses difficultés d’apprentissage l’ayant forcée à reprendre sa première année du primaire. Au-delà de la reprise, il y a eu les coups de règle et l’humiliation. Elle a quitté l’école avant d’obtenir un diplôme parce qu’il y avait l’urgence de gagner sa vie et le sentiment d’incompétence. Malgré tout, elle était convaincue que l’école était la seule voie vers la liberté.

Le jour de ma remise de diplôme d’études secondaires, elle a pleuré. Elle avait des larmes de reconnaissances envers le collège réputé qui m’avait accueillie gratuitement. Elle avait des larmes de fierté pour sa fille qui avait réussi avec des honneurs. Alors que les autres parents ne voyaient qu’un premier pas vers la réussite, ma mère voyait un premier passeport vers la liberté. La liberté de choisir une carrière, la liberté financière, la liberté de devenir une femme autonome et indépendante!

Elle s’est fait un devoir d’encadrer chacun de mes diplômes jusqu’à mon titre de bachelière. (Désolée maman, les cadres s’empoussièrent dans mon sous-sol!) Je ne prétends pas que la valeur de la personne dépende de ses diplômes. Je tente plutôt de mettre en lumière le rêve d’une mère. Un rêve qu’elle s’est assurée d’atteindre en posant des gestes concrets. Merci maman d’avoir prouvé que tout est possible et d’avoir cru en moi! Merci d’avoir tracé le chemin vers la liberté! J’ai envie de t’offrir le diplôme que tu n’as jamais eu. Un diplôme précieux décerné par l’Université de la vie qui reconnaît ta détermination dans le parcours scolaire de tes enfants!

Aujourd’hui, diplôme en main, je poursuis ton œuvre auprès de mes enfants! Leur liberté va au-delà de la diplomation. Je souhaite qu’ils fassent des choix en fonction de leurs passions, de leurs talents et de leurs propres rêves. Car c’est ça la vraie liberté!

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