Faire le deuil d’une carrière et accueillir le changement

Par Karine Desrochers

Moi, mes souliers …

Quitter une carrière dont on a rêvé toute notre enfance et notre adolescence est un véritable deuil. D’autant plus que j’étais pressentie à devenir enseignante selon mon arbre généalogique qui compte quelques pédagogues dans ses branches. Assise sur mon trône d’élève motivée et douée, je m’imaginais vivre dans cet environnement toute ma vie ! J’ai donc troqué mes petits souliers d’écolières pour ceux de professeur.

Douze années se sont écoulées dans mes souliers d’enseignante avant qu’ils ne deviennent inconfortables.  Il y a bien eu des ampoules lors des premières années, c’est ce que font les souliers neufs ! Avec le temps, le cuir est devenu plus souple.  J’étais fin prête à me procurer de nouvelles chaussures, celles de la maternité. Ma collection s’est ensuite agrandie rapidement. Il m’était devenu difficile de porter toutes ces chaussures dans une seule et même journée ! Il m’arrivait même d’enfiler deux souliers disparates dans l’étourderie du matin. Un soir, épuisée, j’ai contemplé ma collection. Je devais me résigner à me départir de ceux qui étaient devenus trop grands, pour me concentrer sur ceux que j’aimais le plus, même s’ils étaient parfois étroits. Vous aurez compris dans cette métaphore que j’ai choisi de quitter la profession dont je rêvais petite pour me concentrer sur ma famille.

Ces douze années m’ont énormément appris sur moi, sur les mini-humains, sur les grands humains. C’est d’ailleurs grâce à ce bagage que je peux adéquatement guider mes enfants dans leurs défis. J’ai également développé des compétences qui me permettent aujourd’hui d’accompagner une clientèle vulnérable dans le milieu communautaire.  De nouvelles chaussures m’ont été offertes ! Des ballerines très confortables que j’enfile lorsque je retire mes souliers de maman ! Je considère ces petits chaussons de danse comme un privilège.

La vie est constamment en mouvement. Les contextes changent, les humains changent. J’ai décidé d’accueillir ce changement. J’ai choisi d’écouter ma petite voix. La confiance l’a emporté sur la peur et l’insécurité.  Parce que les gens qui ont peur n’avancent plus, leurs souliers inconfortables leur causent trop de souffrance…

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